KINSHASA (AFP) - Un gorille des montagnes femelle, espèce rare et protégée, a été abattu par des inconnus armés dans le parc national des Virunga, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris dimanche auprès de l'Institut congolais de conservation de la nature (ICCN).
"Le cadavre de Rubiga, une femelle adulte, a été retrouvé hier (samedi) par des gardes. Son petit de deux mois était accroché au corps de la mère et a été transféré pour des soins à Goma (capitale de la province du Nord-Kivu, où se trouve le parc)", a déclaré à l'AFP le responsable de l'ICCN, Paulin Ngobobo, chef du secteur sud du parc.
"Nous pensons qu'elle a été abattue vendredi, d'après des témoignages d'habitants qui ont entendu des coups de feu. Nous avons lancé des patrouilles et les gardes (de l'ICCN) l'ont retrouvée samedi", a-t-il poursuivi.
"Rubiga faisait partie d'un groupe de 34 individus, le plus important des cinq groupes du secteur qui étaient depuis des années habitués à l'homme", a-t-il indiqué, précisant que ce secteur du parc abritait 84 des quelque 700 gorilles vivant encore en liberté dans la région, dans les montagnes bordant le Rwanda, l'Ouganda et l'est de la RDC.
"Il s'agit d'un acte de sabotage, contre le tourisme, contre la recherche", a déclaré M. Ngobobo, qui estime qu'il ne s'agit pas de l'oeuvre de braconniers qui n'auraient pas laissé le cadavre dans la forêt, avec un petit vivant, d'une importante valeur marchande pour des trafiquants.
"Les gardes ont retrouvé des traces de sang dans la forêt et on espère qu'il n'y a pas d'autres gorilles qui ont été blessés ou tués. Nous sommes à la recherche du groupe qui s'est complètement dispersé après l'attaque", a-t-il ajouté.
Cette zone du parc des Virunga, premier parc national d'Afrique et classé site du patrimoine mondial par l'Unesco, est traversée et parfois partiellement occupée par des groupes de miliciens locaux ou étrangers ainsi que par des militaires de l'armé régulière congolaise.
En janvier, deux gorilles "dos argenté" avaient été abattus, dépecés et mangés par des rebelles, suspectés d'être des soldats insurgés répondant au commandement du général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda. Les hommes de Nkunda ont depuis intégré l'armée et sont actuellement déployés dans plusieurs territoires du Nord-Kivu, dont la zone du parc des Virunga.
Par ailleurs, en mai, un éco-garde a été abattu par des inconnus armés lors de l'attaque d'une station de l'ICCN dans le secteur nord du parc. L'ICCN avait alors suspecté des paysans occupant illégalement le parc d'avoir commandité cette attaque pour intimider les conservateurs.
Source:AFP