Paris, 1er juin 2007
Le règlement européen REACH sur les substances chimiques entre en vigueur aujourd'hui. Que les autorités se préoccupent enfin de protéger la santé humaine et l'environnement est excellent. Mais REACH se donne-t-il vraiment les moyens de remplir cet objectif ?Les industriels dénoncent un système trop
coûteux et le manque de toxicologues compétents. Il faut aussi dénoncer le danger que représentent, pour la santé humaine, les tests de toxicité
sans fiabilité
prouvée, effectués sur des animaux, et susceptibles, donc, d'endormir la
méfiance des utilisateurs et de permettre la vente de produits en réalité
très toxiques pour l'homme.
Pourtant, un REACH à la fois efficace, moderne et bien moins coûteux est possible.
La toxicogénomique, une méthode introduite par le Parlement
européen et citée dans le préambule de ce règlement, permettrait, si elle
était mise en oeuvre, de répondre aux principales objections soulevées
contre REACH :
- elle est
fiable pour prédire la toxicité des substances pour l'homme et peut constituer un crible rapide pour identifier les substances les plus
dangereuses ;
- elle
fournit les résultats rapidement : en deux années, il serait
possible à un laboratoire correctement équipé, de tester les 100.000
substances chimiques identifiées par la Commission européenne et dont
REACH ne prévoit de tester que 30.000 ;
- elle est
économique, ce qui pourrait permettre à l'Union européenne de se doter d'un laboratoire capable de faire les tests, épargnant ainsi les
PME dont certaines craignent pour leur survie même en raison des coûts
financiers de REACH ;
- elle apaiserait la colère des organisations de défense animale (qui ont
submergé les députés européens de pétitions au cours du processus de
REACH), puisque
cette méthode ne repose pas sur l'utilisation d'animaux,contrairement à nombre de tests requis actuellement.
Pourquoi les autorités retardent-elles la mise en oeuvre de méthodes
véritablement scientifiques alors qu'un responsable scientifique de la
Commission européenne a déclaré que les tests de toxicologie sur les
animaux étaient "tout simplement de la mauvaise science" ? Si des toxicologues doivent être formés, le seront-ils aux méthodes modernes déjà utilisées aux Etats-Unis et au Japon ou aux méthodes du XIXe siècle ? Ces
dernières, en vigueur pour les essais pré-cliniques de médicaments, n'ont
pas empêché que six personnes frôlent la mort en mars 2006, ni que des
milliers d'êtres humains meurent chaque année en France suite à des effets
secondaires de médicaments pourtant tous testés sur des animaux. Des tests
de toxicogénomique effectués par un organisme public, infalsifiables,
mettraient aussi un terme à une situation où le fabricant est juge et
partie puisqu'il doit actuellement lui-même fournir le résultat des tests
de ses propres substances !
Antidote Europe est une association à but non lucratif, créée par des
chercheurs issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention en
matière de santé humaine.
http://www.antidote-europe.org